La néologie est la pratique qui consiste à de faire des néologismes. Un néologisme est un nouveau mot ou bien un nouveau sens donné à un mot. Nous devons distinguer plusieurs façons de faire des néologismes.

Néosémie : n.f. la néosémie est un néologisme de sens. Elle concerne une lexie déjà existante à laquelle on ajoute un nouveau sème. La lexie existante sera donc un polysème.

Néologisme d’emprunt : n.m. le néologisme d’emprunt ou « emprunt » est un mot emprunté à une autre langue. Ce néologisme peut subir des modifications pour se conformer à sa langue d’accueil (certains morphèmes peuvent être transcrits) ou peut garder sa forme d’origine.

Néologisme de forme : n.m. le néologisme de forme est constitué à partir de morphèmes déjà existants dans la langue mais n’ayant jamais été agencés de cette façon. Nous conterons dans cette catégorie tous les néologismes fait par dérivations d’une forme grammaticale en une autre.

Prenons quelques exemples :

Néosémie : Corrata est un mot qui à l’origine désigne une activité physique, une forme d’excitation, le fait de courir en tous sens, une aventure. Le concept du sport naît à l’origine en Angleterre à la fin du XIXème siècle, il est donc naturel que nous n’ayons pas ce concept en savoyard à partir d’un mot qui nous est propre. Si nous utilisons le mot Corrata pour désigner le sport dans sa forme contemporaine, ceci sera alors une néosémie.

Néologisme d’emprunt : à l’heure où j’écris ces lignes, il n’existe pas encore de néologisme en arpitan pour désigner un ordinateur, hormis des néologismes d’emprunt. Ce sont les plus fréquents dans la néologie actuelle. On en retrouve deux : ordinator du français « ordinateur », lui-même néosémie d’un vieux terme religieux désignant celui qui « ordine », celui qui met en ordre, « Dieu ». Ensuite Computor, emprunté à l’anglais « computer ». Vous noterez que dans les deux exemples cités, ces emprunts ont été accordés avec les morphèmes présents dans la langue. Les morphèmes « ordinat » et « comput » n’ont pas été traduits, mais les morphèmes « eur » et « er », dérivés du latin « orem », avaient leur équivalent en arpitan « or ».

Néologisme de forme : Nous avons peu d’occurrence de discours traitant du cinéma en savoyard. Evidemment nous retrouvons quelques néologismes d’emprunt tel celui de cinémâ. Mais selon une collecte opérée à Arvillard et retransmise dans le dictionnaire français-savoyard de Roger Viret, nous retrouvons la forme tèrnaji (ici en graphie de Conflans), qui selon Pierre Grasset serait une contraction de « lanterne image » en français. Nous avons donc à faire à une nouvelle forme créée à partir de deux morphèmes distincts et déjà existants en savoyard. Un autre exemple serait celui, déjà cité plus haut, de banbanâye pour traduire le français « musée », ici l’on opère un processus consistant à déverbaliser un verbe pour en faire un substantif.