Étiquette : Langue savoyarde

Le département œuvre en faveur de la langue savoyarde.

Une belle dynamique s’est créée autour de la langue savoyarde avec le projet « Projet revalorisation de la langue savoyarde » commandé par le département de la Haute-Savoie auprès de l’Université Savoie Mont Blanc et Piton.

Inspiré par l’invention de la « Roboclette » dans le canton suisse du Valais, où les éléments traditionnels sont introduits dans le monde moderne des machines, des robots et des applications, le département de la Haute-Savoie, à l’initiative du conseiller départemental Joël Baud-Grasset, souhaite également accompagner la langue savoyarde dans la modernité.

Initialement, avec l’aide de l’intelligence artificielle, la volonté était de mettre en place des robots dans les hôpitaux et les maisons de retraite pour l’interaction sociale avec des personnes âgées dont la langue maternelle est le savoyard. Cependant, après consultation des spécialistes de l’Université Savoie Mont Blanc, les ambitions ont été revues à la baisse pour un projet plus modeste : créer une application qui permette aux (nouveaux) habitants des pays de Savoie de découvrir la langue savoyarde et le patrimoine linguistique de leur lieu de résidence.

Dans le but de fournir aux développeurs un retour et des critiques constructives, le Département a mis en place un « Comité d’experts » afin de guider de manière positive le développement de l’application. Dans ce comité composé d’experts de la langue savoyarde, on trouve principalement des dialectologues, des linguistes, des enseignants, des écrivains et des animateurs qui partagent leurs connaissances et leurs expériences et qui donnent également leurs suggestions aux développeurs sur des questions linguistiques, telles que le choix d’une graphie et le choix d’une variété parlée). Parmi les membres du bureau de l’Institut de la Langue Savoyarde, Arnaud Frasse, Roger Viret et Marc Bron ont participé aux réunions de ce comité, auxquelles participaient aussi des représentants d’associations amies comme Lou Rbiolon, le Centre d’Études francoprovençales (CEFP), et le Centre de la culture savoyarde de Conflans.

L’Institut de la Langue Savoyarde salue l’initiative du Département d’accompagner notre langue savoyarde dans le monde moderne des applications pour sensibiliser un nouveau public à la langue de notre territoire et nous remercions tout particulièrement M. Joël Baud-Grasset (sur la photo ci-dessus) pour son enthousiasme et son dynamisme dans ce domaine.

Dès qu’il y aura des nouvelles et des avancées concernant le développement de l’application, nous vous tiendrons informés sur ce site.

Pour plus d’informations, retrouvez le compte-rendu ci-dessous :
CR – Comité d’experts – 5 avril 2024 – Projet Valorisation du Savoyard.pdf,

Outdoor, mode, design et langue savoyarde

L’intégration de la langue savoyarde dans le nom et le branding des entreprises présente un avantage stratégique notable. En tirant parti des exemples bretons, où l’utilisation du breton a boosté le marketing local, l’adoption de termes savoyards peut non seulement renforcer l’identité régionale d’une entreprise mais également la distinguer sur des marchés compétitifs et mondialisés.

En somme, la langue savoyarde est un label de proximité.

Des initiatives telles que PRODUIT EN BRETAGNE ont démontré que valoriser une langue régionale enrichit la marque et favorise une connexion authentique avec les consommateurs.

En incorporant des mots savoyards spécifiques dans les noms de marques, de produits, et la création de contenu de qualité, les entreprises peuvent améliorer leur visibilité sur les moteurs de recherche, attirer un public ciblé et soutenir la préservation culturelle, tout en bénéficiant d’un positionnement de marché unique et efficace.

“Nous avons voulu nous différencier des autres restaurants qui communiquent autour du jardin, le mot Cortil est alors apparu comme la solution et véhicule un imaginaire associé plus fort.” Franck Lorival et Thomas Dérouet du Clos des Sens, 3 étoiles au Guide Michelin.

Les entreprises ayant adopté la langue savoyarde

Nous vous proposons une série d’articles vous présentant les entreprises ayant adopté la langue savoyarde dans le naming de leur marque, ou produits. Nous débutons cette série par le monde de l’outdoor, des vêtements et du design.

Wed’ze

Wed’ze, marque de sports d’hiver, tire son nom du mot de langue savoyarde vouegèt (prononcé / wedze / signifiant virage ou vif en français), illustrant le dynamisme et l’énergie de la glisse alpine. La marque fait partie du groupe Decathlon et est donc présente dans le monde entier.
Découvrez Wed’ze

Manufacture Alpine

Manufacture Alpine est une marque annécienne de lunettes haut de gamme collaborant avec les plus grands Hôtels alpins. La marque ayant nommé ses verres Arpi’Lens sur proposition du secrétaire de l’Institut de la langue savoyarde Franck Monod. Arpi’Lens, dérivant du mot “Arpitan” désignant la langue savoyarde et du mot anglais “lens” (lentille, verre).
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AULP

AULP est une marque savoyarde créée en 2017. Le nom “AULP”, tiré de la langue savoyarde signifiant pâturage , de la même racine que “arp”, incarne l’essence des Alpes. La marque de vêtements propose des produits design et de qualité.
Découvrir AULP

Le Drapo

Le Drapo est une entreprise dans le secteur de l’habillement, dont le nom est inspiré de la prononciation / drapô / venant du mot de langue savoyarde drapél. Tous les produits de la marque sont imaginés, créés et cousus en France.
En savoir plus sur Le Drapo

BLACKPEUF

Fondée en 2014 dans les Bauges, BLACKPEUF est une marque de décoration, habits, skis et autres objets design qui sont reconnus pour leurs illustrations pleines de couleurs, et séduisent les amoureux de la nature, du sport et de nos territoires savoyards. Tous les produits sont fabriqués localement.
Le mot puça en langue savoyarde et prononcé / peuf / désignant la poussière et par dérivation la neige fraîche, la poudreuse.
Découvrez BLACKPEUF

Les autres marques en langue savoyarde

D’autres marques auraient pu être citées notamment dans le design avec Eneci, fabricant de meuble qui avait pris le nom d’Annecy en langue savoyarde. L’entreprise ne semble plus en activité mais avait effectué un beau travail marketing autour de sa marque.

Bério Ski

Nous aurions aussi pu parler de la websérie Bério Ski ayant comme ligne directrice « du ski freeride et de montagne dans la bonne humeur et la simplicité ».
Berrio, prononcé / bério /, signifie rocher en français.
Voir l’interview sur le magazine Outside.

STYIBWÊ

Et pour finir Styibwe qui était une marque de ski haut de gamme et était basée à Annecy.

Styibwe, avec bouesc prononcé / bwê / en langue savoyarde, traduction du mot bois.

Vous voulez travailler sur le marketing de votre futur établissement ? Contactez-nous et échangeons à ce sujet.

Manifestation en réaction à la censure de la loi Molac

La nouvelle loi, également appelée loi Molac, qui devait notamment protéger les langues régionales, les promouvoir et renforcer leur place dans l’éducation nationale, a été en partie censurée par le Conseil constitutionnel vendredi dernier, le 22 mai 2021. Ceci à la grande colère de tous ceux qui ont à cœur les langues régionales de France…

Une délégation de plusieurs groupes savoyards à l’entrée de la préfecture d’Annecy, pour le compte du collectif « Pour que vivent nos langues ».

Et pourtant, tout avait si bien commencé !
Le 8 avril 2021 devait toutefois être une journée « historique » pour tous les défenseurs des langues régionales, avec l’adoption par l’Assemblée nationale de la loi Molac (du nom du député breton du groupe Libertés et territoires) relative à leur protection patrimoniale et à leur promotion. Elle a été votée à une très grande majorité par 247 voix contre 76, mais a divisé la majorité présidentielle, dont une partie l’a contestée devant le Conseil constitutionnel.

Le vendredi 22 mai, le Conseil constitutionnel a ensuite censuré deux articles de la loi, considérés comme non-constitutionnels, l’un portant sur l’apprentissage de la langue en immersion, l’autre sur l’usage des signes diacritiques dans les documents officiels.

Pourquoi les signes diacritiques poseraient-ils problème ?
Dans la langue française, plusieurs signes diacritiques sont utilisés, dont les cinq signes courants que sont l’accent aigu, l’accent grave, l’accent circonflexe, le tréma et la cédille. Dans les différentes langues régionales de France, d’autres lettres diacritiques sont également utilisées, que l’on ne retrouve pas dans la langue française.

L’article 2 de la Constitution française précise que « La langue de la République est le français ». Cet article, renforcé par une circulaire de 2014, est utilisé à mauvais escient par les opposants aux langues régionales pour interdire l’utilisation d’autres lettres diacritiques (et empêchent, par conséquent, toute expression des formes écrites des langues régionales).

Récemment, nous avons observé des exemples en Bretagne ou au Pays Basque, où les représentants de l’État interdisent les prénoms écrits dans une langue régionale, parce que certaines lettres diacritiques n’apparaissent pas dans la langue française et seraient donc non-constitutionnelles. Aussi ridicule que cela puisse nous paraître, selon la logique des opposants, un enfant portant le prénom breton Fañch, serait une menace pour l’unité de la France en raison du tilde qui figure dans son nom.

Quelle est alors la position de l’Institut ?
L’Institut de la Langue Savoyarde remercie tout d’abord tous les députés qui ont voté cette loi, ainsi que tous les élus des différentes collectivités territoriales qui ont soutenu et encouragé les actions en faveur des langues régionales, en amont du vote de la loi.

Conformément à ses statuts, l’Institut est apolitique et s’abstient de tout commentaire politique. Cependant, il défend la protection et la promotion des langues régionales et c’est sur cette base qu’il s’est rangé derrière le collectif « Pour que vivent nos langues ».

Aujourd’hui, il existe en France encore de nombreux problèmes liés à l’inégalité pour les langues régionales. Bien que la langue savoyarde ne soit pas concernée par le problème des signes diacritiques, l’Institut est solidaire des autres langues régionales de France et estime que l’Etat devrait faire preuve de plus de souplesse dans cette situation.

En revanche, la langue savoyarde (appelé aussi arpitan ou francoprovençal au sens large) reste toujours discriminée par rapport aux autres langues régionales : à la différence du basque, du breton, du catalan ou du corse, le Ministère de l’Éducation nationale ne veut toujours pas reconnaître le savoyard. Ainsi, malgré de nombreuses manifestations, pétitions et lettres écrites aux ministres, les élèves savoyards n’ont pas le droit d’apprendre leur langue à l’école, contrairement à leurs compatriotes français.

Et maintenant ?
En raison de l’inégalité de traitement des langues régionales en France et de la censure partagée de la loi Molac par le Conseil constitutionnel, le collectif « Pour que vivent nos langues » continue à lutter dans quasiment toutes les régions de France pour réclamer un cadre juridique sécurisé pour la préservation et la promotion des langues régionales.

Dans la région savoyarde également, le samedi 29 mai, les représentants des groupes de défense de la langue savoyarde se sont regroupés devant la préfecture à Annecy pour apporter une lettre cosignée par les cinq groupes principaux, à savoir l’Institut de la Langue Savoyarde (ILS), l’Association des Enseignants de Savoyard (AES), Savouè Ecula 2 (Association de parents d’élèves pour l’enseignement bilingue), l’Alliance Culturelle Arpitane (ACA) et Lou Rbiolon (Fédération de groupes de langue savoyarde). Ils ont tous exprimé leur mécontentement à l’égard de la situation linguistique en France.