- le francoprovençal de Savoie -

Auteur/autrice : Têlarèdaccion Page 3 of 5

Notre langue savoyarde

Notre langue savoyarde de Jean-François Grivel-Delillaz de l’association La Sêranne

1
Il est bien loin le temps des premiers souvenirs,
Je n’étais qu’un enfant devant son avenir,
J’entends encore mon père dans un autre langage
Il parlait à ma mère et tous ceux du village.
Je ne comprenais pas me demandant pourquoi ?
C’était bien une langue ils l’appelaient patois,
Je n’avais pas le droit de m’exprimer comme ça,
Fallait parler français je n’avais pas le choix !

REF.
Parlons de notre langue pour ne pas l’oublier,
La langue des Savoyards qui l’ont toujours parlée.
Elle offre des trésors à qui sait l’écouter
Sûr’ment bien plus encore à qui sait la parler.
2
T’as quitté les maisons on t’a tourné le dos
Et effacé ton nom pour fermer le rideau.
Tu n’as plus la parole depuis bien des années
Mise dehors de l’école comme une condamnée.
Comme l’arbre que l’on coupe tes racines sont restées
Aujourd’hui les rbiolons ne demandent qu’à pousser.
Pas facile à parler mais facile à comprendre
Au fil des années j’ai fini par t’apprendre !
3
Nous sommes tous du pays de ceux qui l’ont parlé
Nous sommes tous du pays de ceux qui l’ont aimé.
Il nous faut la défendre c’est une combattante, (elle est si attachante)
A tous il faut l’apprendre pour qu’elle reste vivante !
Ce petit grain de vie qui ne veut pas mourir.
Ce petit grain de vie qui ne doit pas mourir !
Parlons le Savoyard notre langue maternelle
Non ce n’est pas trop tard pour nous c’est la plus belle !

🖊 Jean-François D’lile de l’association La Sêranne le 17.06.2021

Billy Fumey, chanteur-compositeur francoprovençal à l’Eurovision des langues régionales

Le 13 mai 2022, dans le village de Tønder dans le sud du Danemark, des chanteur(euse)s de toute l’Europe s’étaient réuni(e)s pour un festival de musique. Non, ce n’était pas l’Eurovision, qui passait à la télévision la même semaine, mais plutôt le Liet International, un festival de chants en langues régionales et minoritaires. L’édition 2022 marqua le dixième anniversaire du festival, avec treize participant(e)s chantant en langues différentes, notamment le corse, le sami, le tyrolien du sud, et notre bien aimé francoprovençal (arpitan), parmi d’autres.

Billy Fumey en 2016 (source : Auvé73 pour Wikipédia)

Billy Fumey, compositeur-chanteur franc-comtois, représenta la région de Rhône-Alpes et Franche-Comté cette année tout comme en 2018, en chantant dans son dialecte francoprovençal. Sa chanson, intitulée « U Port Titi », nous parle d’une histoire d’amour qui s’est déroulée à Port Titi sur les rives du lac de Saint-Point (Doubs), au sud de Pontarlier. Selon son interview avec France 3 Bourgogne-Franche-Comté, Billy s’est toujours inspiré de la beauté de sa région.

Malgré le fait que le Liet International est officiellement une compétition, l’esprit compétitif est mis de côté et un esprit d’amitié prend une place plus importante. Pour Billy Fumey, un esprit compétitif est plus noisif qu’autre chose.

« Je n’aurai ni concurrents ni concurrentes sur scène, j’aurai que des amis. », dit-il dans son interview.

Ce festival exceptionnel a même fait l’objet d’un article du New York Times, un journal proéminant des États-Unis.

The folk musician Billy Fumey strode onstage friday night in the quaint market town in rural Denmark and launched into a intens love song in the endangered language of francoprovençal. As he belted out a lirycal description of hair blowing in the wind – “kma tsékion de tèt frisons da l’oura lèdzira” – few of 500-strong audience had any idea what he was singing about, but it didn’t seem to matter. When the yodeling-heavy track came to an end, the crowd clapped wildly, anyway.

Marshal, A. (14 May 2022). Catalan Pop? Corsican Rock? It’s Europe’s Other Song Contest. New York Times.

« Le musicien folk Billy Fumey est monté sur scène vendredi soir dans le bourg pittoresque du Danemark rural et s’est lancé dans une chanson d’amour intense dans la langue en voie de disparition du francoprovençal. Alors qu’il chantait une description lyrique de cheveux au vent – “kma tsékion de tèt frisons da l’oura lèdzira” – peu de spectateurs parmi les 500 avaient la moindre idée de ce qu’il chantait, mais cela ne semblait pas avoir d’importance . Lorsque la piste chargée de yodel s’est terminée, la foule a quand même applaudi sauvagement. »

Traduction de Billy Fumey. Marshal, A. (14 mai 2022). Catalan Pop? Corsican Rock? It’s Europe’s Other Song Contest. New York Times.

Lire plus (en anglais) : Catalan Pop? Corsican Rock? It’s Europe’s Other Song Contest.

Vêr et acutar més :

Billy Fumey chant Port Titi à l’Eurovision des langues régionales

Billy Fumey au Liet International

Billy Fumey – U Port Titi – Folk Franc-Comtois

Na traduccion diens nouthra lengoua:

Lo 12 de mê 2022, diens lo velâr de Tønder, diens lo mijorn du Danemârc, des chantors et chantoses de tota l’Eropa s’étiont amassâs por un festival de musica. Nan, il étêt pas l’Eurovision, que passave a la tèlèvision la méma senanna, mas pletout lo Liet International, un festival de chants en lengoues règionales et minoritères. L’èdicion 2022 marcat adonc lo dixiémo anivèrsèro du festival, avouéc trèze participant(e)s que chantont diens de lengoues difèrentes, coment lo corso, lo samo, lo tirolien du mijorn, et la noutra lengoua: lo francoprovençal (l’arpetan), entre-mié d’ôtres.

Billy Fumey, composior-chantor comtês, representat la règion de Rôno-Ârpes et Franche-Comtât cet’ an tot coment en 2018, en chantent diens son dialècto de lengoua francoprovençâla (arpetana). Sa chançon, qu’at coment titro « U Pôrt Titi », nos prège de na histouère d’âmor que s’est passâye u Pôrt Titi sus les rives du lèc de vers Sent-Pouent (Dubs), u mijorn de Pontarliér.

D’aprés son entrevua avouéc France 3 Borgogne-Franche-Comtât, Billy s’est pués tot-lo-long enspirâ de la biôtât de sa règion.

Mâlgrât lo fêt que lo Liet Entèrnacionâl est oficièlament na compèticion, l’èsprit compètitif ‘l est betâ de cârro et un èsprit d’amitiât prend pués na place més importanta. Por Billy Fumey, un èsprit compètitif est més nouèsif qu’ôtra chousa.

« J’aré pouent de rivâls ou de rivâles sus scèna, j’aré solament des amis. », desêt-il diens son entrevua.

🖊 Jonathan DAMARY

Le “monchû” fait son entrée dans le dictionnaire

Le dictionnaire Larousse a dévoilé la liste des 150 nouveaux mots qui intégreront son édition 2023.

Un mot a attiré l’attention: il s’agit de “monchû”. Selon le dictionnaire Larousse il signifie “vacancier en quête d’air pur (Parisien), qui séjourne dans les Alpes et dont on raille souvent la maladresse, l’accoutrement, voire la méconnaissance des usages locaux”.

Nous sommes heureux de voir que le savoyard influence la langue française.

Le présentateur savoyard Yann Barthes présente le mot “Monchu” aux spectateurs.

L’Institut de la Langue Savoyarde (ILS) souhaite répondre aux différents articles de presse à ce sujet:

Une citation lue sur les sites internet de France 3, Le Messager, Le Point, Radio Mont-Blanc, etc…

Le mot monchû n’est pas “un mélange de français, d’italien et de patois local” comme certains le prétendent, mais il vient du savoyard, le nom donné aux dialectes de la langue francoprovençale (ou arpitane) parlés en Savoie. Notre langue est une langue latine propre et nous regrettons que certaines plateformes d’information (notamment savoyardes) ne le sachent pas. Le savoyard est aussi localement appelé “patois” par ses locuteurs.

« On voit souvent dans les dictionnaires que les étymologies des mots d’origine savoyarde renvoient au provençal, à l’occitan, à l’ancien français ou au romand. Notre langue est souvent ignorée consciemment ou inconsciemment, malgré le fait que notre langue soit décrite en linguistique depuis 1873 et reconnue par les linguistes du monde entier. » regrette Roger Viret, qui est aussi éditeur d’un dictionnaire français-savoyard.

« L’étymologie est le mot savoyard ‘monsior, dont “monchû” est une prononciation populaire. Ce mot est désormais bien connu aussi dans le français régional, le français tel qu’il est parlé en Savoie. Les personnes qui ne parlent pas savoyard mais qui habitent en Savoie connaissent aussi ce mot. » explique Arnaud Frasse, le président de l’ILS.

« Le sens que donne Larousse n’est pas le sens premier du mot “Monchû”. Le premier sens est à savoir “Monsieur” et s’appliquait lorsqu’on s’adressait à une personne importante, comme le curé par exemple. Parfois, cela s’appliquait aussi aux messieurs des grandes villes qui venaient visiter nos villages en tant que touristes. Pour les personnes qui ne parlent pas notre langue, il semble que ce sens soit désormais prédominant dans la perception populaire. » raconte Marc Bron, professeur de langue savoyarde.

Nous remercions France Bleu Pays de Savoie de nous avoir contactés pour commenter l’actualité.

L’alcool rendrait-il bilingue?

Selon une étude menée par des scientifiques à l’Université de Maastricht (Pays-Bas), de Liverpool (Angleterre), et King’s College (Londres), l’alcool aiderait à mieux parler des langues étrangères.

S’il est établi que la mémoire et la concentration sont des facultés que l’alcool ramollit, on dit souvent à la blague que prendre un verre permet de parler une langue qu’on ne maîtrise pas bien.

Des chercheurs des universités de Liverpool (Angleterre), Maastricht (Pays-Bas) et King’s College (Londres) ont voulu vérifier si cette croyance populaire en était vraiment une ou si, au contraire, elle reposait sur certains fondements. Ils ont donc testé les effets réels de l’alcool sur les capacités langagières de 50 étudiants allemands inscrits en langues à l’Université de Maastricht.

Après leur avoir fait boire, de façon aléatoire, des cocktails contenant ou non de l’alcool, les chercheurs ont demandé aux étudiants de discuter en néerlandais avec l’un d’eux.

Les conversations, enregistrées, ont ensuite été écoutées par deux néerlandophones de souche, qui ne savaient pas quels étudiants avaient consommé de l’alcool. Or, il appert que ceux qui étaient légèrement « sous influence » ont fait preuve d’une meilleure maîtrise du néerlandais, en plus de s’exprimer avec un meilleur accent.

Évidemment, les « cobayes » n’avaient consommé qu’une faible quantité d’alcool (l’équivalent d’environ 460 ml de bière à 5 % pour 70 kg de masse corporelle) ; quiconque écluserait plusieurs bières ou enfilerait trop de shooters risquerait plutôt de ne plus se faire comprendre, y compris dans sa langue maternelle.

Du reste, une chercheuse de l’équipe préfère se montrer prudente avant de sauter aux conclusions, et ce, jusqu’à ce qu’on ait clairement déterminé ce qui explique les résultats observés. Manifestement, l’effet « désinhibant » de l’alcool — le même qui donne à certains le courage de faire des choses qu’ils ne feraient pas à jeun — est peut-être le seul en cause ici.

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas demain la veille qu’on baragouinera en savoyard en buvant quelques verres de vin blanc. Mais on sera alors sans doute moins gêné de lancer un « adiô » bien senti à son voisin, attablé dans une taverne du village… Nous allons observer cela dans nos pays de Savoie!

Note: Pour rappel, l’abus d’alcool est dangereux pour la santé et il est important de consommer avec modération.

Wikimédia – Projets participatifs

Deux projets pour notre langue sont en train de naître sur internet. Ce sont des projets participatifs, chacun peut y contribuer.

Le premier est une version arpitane (francoprovençale) du Wiktionnaire qui est un dictionnaire en ligne, et le second est TranslateWiki, un site internet ayant pour but la traduction de différent projet (par exemple le site de Wikipédia, OpenStreetMaps, …). Les deux font partie du projet Wikimédia, auquel fait notamment parti Wikipédia (Vouiquipèdia).


Voici les différentes étapes à suivre si vous souhaitez participer au projet :

Vouiccionéro Arpetan (Wiktionnaire francoprovençal)

  1. Il vous faut d’abord vous créer un profil en cliquant ici.
  2. Ensuite, vous pouvez vous rendre sur la page Wikimedia pour commencer à participer au projet.
  3. Si jamais vous êtes un peu perdu, n’hésiter pas à nous renvoyer un mail ou à lire la page d’aide.
    Enfin, voici la page pour poser vos question.

Présentation de la Vouiquipèdia.

Pour participer au projet Translatewiki

  1. Il vous faut d’abord vous créer un profil sur translatewiki
  2. Choisissez les langues que vous maîtrisez.
  3. Après cela, vous avez une vingtaine de traductions “test” à faire. Celle-ci seront vérifiés pour un membre du Wiki, pour être sûr que vous maîtrisez bien la langue. Celle-ci peut durer quelques jours
  4. Après cela, vous pouvez commencer à traduire vos projet favoris : MediaWiki, Kiwix, Wikimedia Mobile Apps, OpenStreetMaps, etc.
    Nous vous conseillons toutefois de commencer par de petits projets.
  5. Si jamais vous avez besoin d’aide : https://translatewiki.net/wiki/Translating:Index et
    https://translatewiki.net/wiki/FAQ

    Même chose si vous avez des soucis, n’hésiter pas à demander.
    En espérant vous voir nombreux sur ces différents projets.

    Il y a également une petite communauté sur Discord qui travaille sur la création d’articles pour le wikipedia francoprovençal. Nous recherchons de nouveaux contributeurs pour pouvoir nous aider dans notre tâche.

    Vous n’avez pas besoin de connaitre ni Discord ni Wikipédia, nous seront heureux de vous apprendre à contribuer.

    Voici le lien du Discord : https://discord.gg/b5EsfURA26
Ensemble des projets WikiMedia

Assemblée Générale 2022

Samedi dernier, le 9 avril 2022, s’est tenue l’assemblée générale des membres de l’Institut à son siège à Habère-Lullin.

Bien que ce lieu soit quelque peu éloigné pour de nombreux membres intéressés, il a permis à l’ILS de se montrer présent à Habère-Lullin et puis aux membres de visiter le siège.

Le bureau de l’Institut: Marc Bron (vice-président), Roger Viret (trésorier), Arnaud Frasse (président), Franck Monod (sécretaire).

Vous pouvez télécharger le procès-verbal de l’Assemblée générale (PDF) en cliquant sur le lien suivant : PV Assemblée générale ILS (2022)

Bone féta de la Savouè !

Nous sommes le 19 février, c’est la fête de la Savoie !
On est lo diéx-et-nôf de fevriér, o est la féta de la Savouè ! (Apertium)
On è lo diz-é-nou de fèvrî, y é la féta d’la Sawé ! (Viret)

Cette date fait référence à l’élévation du Comté de Savoie en Duché, le 19 février 1416.
Ceta dâta fât rèfèrence a l’èlèvacion du Comtât de Savouè en Ducât, lo diéx-et-nôf de fevriér mile quatro cent sèze. (Apertium)
Sta data fât rèfèrinsa a l’élévachon d’lo Komto d’Sawé in Dushî, lo diz-é-nou de fèvrî mil’ katro-sê sèze. (Viret)

Vers l’an mil, le premier comte de Savoie avait étendu son domaine au Chablais, à la Tarentaise, au Viennois et à la Maurienne, faisant du souverain le « Portier des Alpes».
Vers l’an mile, lo premiér comto de Savouè avêt ètendu son doméne u Chablès, a la Tarentèsa, u Viènês et a la Môrièna, fasent du sôveren lo « Portiér des Arpes». (Apertium)
Vè l’an mil’, lo promî komto de Sawé avai étêdu son doméne tan k’à l’o Shablyé, a la Tarantéza, a lo Viènè, é la Moryèna, fazin du sovrin lo « Portî déz Arpe». (Viret)

Le 4e comte, Pierre Ier, fut le premier à porter officiellement le titre de comte de Savoie.
Lo quatriémo comto, Pierro Iér, at étâ lo premiér a portâ oficièlament lo titro de comto de Savoué. (Apertium)
Lo katriyémo konto, Pierro Iér, a étâ lo promî a portâ ofisyèlamê lo titro de konto de Sawé. (Viret)

On raconte que Amédée III ou Amédée V aurait obtenu du pape le droit de porter les armes des Croisés après avoir pris Saint-Jean d’Acre ou Rhodes lors des croisades.
On dit qu’Amèdê le trêsiémo ou Amèdê lo cinquiémo arêt obtenu du pape lo drêt de portâ les ârmes des Crouesiês aprés avêr prês Sant-Jian d’Acre o Rodes pendent les crouesâdes. (Apertium)
On dit k’Amèdê le traijémo o Amèdê lo sinkyémo ariet obtenu dè Pape lo drê de portâ léz ârme dé Krwèjà apré avê prè Sant-Dian d’Acre o Rode pêdê lé krwêzâde. (Viret)

Les armoiries de Chambéry furent ensuite reprises pour le duché de Savoie, avec la devise « custodibus istis » (« à ces gardiens-là »).
Pués après, l’armôrie de Chambèri at étâ reprêse por lo ducât de Savouè, avouéc la devisa « custodibus istis » (« a celos gouârdos- »). (Apertium)
Pwé apré, léz armouryè de Shanbairi an étâ rpréze pè lo Dushî de Sawé, avwé la dviza « custodibus istis » (« a chô gardyin-lé »). (Viret)

En 1416, le comte Amédée VIII de Savoie invita l’empereur Sigismond Ier de Luxembourg à Chambéry après lui avoir prêté de l’argent.
En mile quatro cent sèze, lo comto Amèdê lo houétiémo de Savouè at envitâ l’emperor Sigimond lo Iér de Luxembôrg a Chambèri aprés lui avêr prétâ de l’argent. (Apertium)
In mil’katro-sê sèze, lo konto Amèdé lo hwityémo de Sawé at êvitâ l’inpéreu Sigismond lo premi de Luxsinbor a Shanbèri apré lui avêr prétâ de l’arzhin. (Viret)

Le 19 février 1416, place du château, se tint la cérémonie pour élever Amédée VIII au rang de duc de Savoie, faisant de la Savoie une grande nation européenne.
Lo diéx-et-nôf de fevriér mile quatro cent sèze, place du châtél, s’est tenue la ceremonie por èlevâ Amèdê le houétiémo u reng de duc de Savouè, fasent de la Savouè na granta nacion eropèèna. (Apertium)
Lo diz-é-nou de fèvrî mil’katro-sê sèze, plyafa du shâté, s’è tenua la sèrémoni por élvâ Amèdé lo hwityémo u ran de du de Sawé, fazint d’la Sawé na granta nachon eûropéin-na. (Viret)

Le 7 novembre 1434, Amédée VIII annonça qu’il abdiquait en faveur de son fils Louis pour se retirer en ermite, mais il fut élu pape en 1439 sous le nom de Félix V.
Lo 7 de novembro 1434, Amèdê lo houétiémo at anonciê qu’il abdicâve por lo ben de son fily Louis por sè reteriér en èrmito, mas il at étâ élu pape in 1439 sot lo nom de Fèlix lo cinquiémo. (Apertium)
Lo sà de novêbro mil’katro-sê trêta katro, Amèdê le hwityémo at anonciê qu’il abdicâve por lo faveu’ de son garson Louis por s’artrî in èrmito, ma il at étâ èlu pape in mil’katro-sê trêta nou dzo lo non de Fèlix lo sinkyémo. (Viret)

Félix V finit par se réconcilier avec le pape Nicolas V, qui le nomma cardinal et évêque de Genève.
Fèlix V at feni per sè reconciliyér avouéc lo pape Nicolas V, que l’at nomâ cardenâl et èvèque de Geneva. (Apertium)
Finalamen, Fèlix lo sinkyémo s’è rabibosha avwé lo pape Nikolâ lo sinkyèmo, que l’at nomâ kardinalo é èvéko de Zhènèva. (Viret)

Au début des années 70, le Cercle de l’Annonciade milita pour que le 19 février devienne la fête nationale de Savoie.
U comencement des ans 70, lo Cèrcllo de l’Anonciâda* at militâ por que lo diéx-et-nôf de fevriér vegnesse la féta nacionâla de Savouè. (Apertium)
U débu dèz an sèptanta, lo Farklyo de
l’Anonsyada* a militâ por que le diz-é-nou de fèvrî vigne la féta nachonâla de Sawé. (Viret)

*Dérivation composée de anonciér + suffixe –âda pour « annonciade »

Aujourd’hui, on célèbre encore la fête de la Savoie avec un gâteau spécialement créé : le Ducal.
Houé, on cèlèbre adés la féta de la Savouè avoué un gâtél spècialament crèâ : lo Ducal. (Apertium)
Hwai, on sélèbre adè la féta de la Sawé avwé on gâtyô spéchalamê crèâ : lo Ducal. (Viret)

🖊 Lucas FREDERICH

Crédit : Chef à la maison

Quand les pipètes revindront !

I.
La bise en rognent sagogne
La pôrta de la mêson ;
Fela, fela ta cologne
Pendent la môrta sêson.
Sen vreyér ton tôrn s’enroulye,
Fela, lo temps passerat !
Jiâna, se ton fil s’embrôlye,
Ton galant lo dèvouederat.

Refren
Soflla lo vent, soflla la bise !
Noutros môrts plôront diens l’Égllése
Bon !…
Lo vent et los môrts sè quèsieront
Quand les pipètes revindront !

II.
En tombant la nê greselye
La grôba vioule u tison.
Vreye, vreye ta bobelye
Pendent la môrta sêson.
De grognér l’hivèrn sè lâsse ;
Vreye, et lo temps passerat ;
Jiâna, se ton fil sè câsse,
Ton galant tè l’apondrat.

Refren
Blanchét lo boués, blanchét la palye !
Lo gllas pendolye a la muralye
Bon !…
Mas palye et boués revèrdiront
Quand les pipètes revindront.

Los grants poblos ont la grevôla
Et les cises ont des fresons ;
Roula, roula, ma roua roula,
Pendent la môrta sêson.
Solely rit dèrniér les nioles !
Roula, et lo temps passerat.
Sot la nê la fllor rebiole,
Mon galant mè la cuedrat.

Brene l’avanc, brene lo sôge ;
Lo quinson volate a la ploge
Bon !…
Mas l’âbro et l’usél chanteront
Quand les pipètes revindront.

Aide à la lecture

rognér : gronder | sagognér : secouer
felar : filer | cologne : quenouille

vreyér : tourner tôrn : tour (rouet) | s’enroulyér : se rouiller

dèvouedar : dévider







sè quèsiér : se taire
pipèta : primevère (local)



nê : neige greselyér : grésiller
grôba : bûche | vioular : (ici) chanter
bobelye : bobine





apondre : (ici) rattacher



boués : buis
gllas : glaçon





poblo : peuplier | avêr la grevôla : trembler
cise : haie | freson : frisso


niola : nuage


rebiolar : repousser
cuedre : cueillir


brenar : bruire | avanc : osier sôge : saule | quinson : pinson ploge : pluie

âbro : arbre | usél : oiseau

Commentaire

Amélie Gex (1835-1883), figure de proue de la littérature en langue savoyarde, a publié ce poème dans le recueil Le long de l’an (1878), où selon le sous-titre se trouvent des chansons.

Effectivement l’écrivaine aimait écrire des textes de chansons, dont elle indiquait parfois la mélodie en la rattachant à un air connu. Ce poème était peut-être destiné à être mis en musique, à notre connaissance ça n’a pas encore été fait.

Quoi qu’il en soit il y a des couplets et des refrains, dans lesquels les rimes ne sont d’ailleurs pas disposées de la même manière, ce qui donne un rythme original au poème. Les vers sont courts, le texte peut paraître simple, il traite somme toute d’un thème relativement banal en poésie – l’attente du printemps au cœur des tourments de l’hiver – et pourtant le lecteur est frappé par la beauté qui se dégage de cette construction : la vivacité du style et des images stimulent le plaisir littéraire, tandis que le rythme, les allitérations, les répétitions de certains mots ou de certaines structures donnent une musicalité qui incite à la lecture à haute voix.

Mais c’est impossible ! diront certains. Effectivement le texte a été transcrit en ORB, il s’agit de la version de Dominique Stich, un peu remaniée. Mais justement, l’ORB est faite pour être comprise par tous et lue par chacun dans son propre dialecte, avec sa propre prononciation. Pour ceux qui resteraient désemparés signalons quand même les rimes s’enroulye / s’embrôlye, bise / Égllése, grevôla / roula. Pas sûr d’ailleurs que ces rimes existent dans tous les patois, par exemple, pour la dernière, chez moi on prononce grevula et roula, mais ce n’est pas bien grave.

La jeune fille dont il est question, Jiâna, est manifestement le double (on dirait aujourd’hui l’avatar) de l’auteure, qui a d’ailleurs signé Dian de la Jeânna son recueil. Pas étonnant d’utiliser un pseudonyme masculin à l’époque, l’aspect « féministe » se retrouvant cependant dans la filiation féminine. On imagine donc Jiâna à sa quenouille, à son rouet qui en tournant semble à la fois remplir et mesurer le temps. La jeune fille oscille entre deux sentiments : une certaine lassitude devant les rigueurs et les angoisses de l’hiver qui l’enferment et la condamnent à des activités répétitives, mais par ailleurs l’espoir qui vient de la certitude du retour du printemps et aussi des promesses suscitées par l’amour d’un jeune homme qui semble attentionné et sur lequel elle pense pouvoir compter.

Dans le langage des fleurs la primevère est le symbole du premier amour et de sa sincérité.

Finissons justement sur ce nom de pipèta : il désigne une fleur en tube, en forme de petite pipe mais ce n’est pas la même selon les endroits. Il semble que le plus souvent il s’agisse non pas de la primevère mais du colchique, fleur de l’automne issue d’une plante réputée pour sa grande toxicité. Un tout autre symbole !

Et attendons donc avec Jiâna le retour du printemps et de toutes les joies auxquelles il est lié, après un hiver pas simplement météorologique, chargé de maladie, de menaces et d’incertitudes dont on aimerait voir bientôt la fin.

Retrouvez tout en savoyard 👉 sur lierenarpitan.com

🖊 Alain FAVRE

Nonante-cinq?

Cet hiver en fin décembre, le nouvel album d’Angèle, une idole des jeunes et chanteuse belge, vient d’être certifié disque de platine en France. Ce qui nous frappe en tant que Savoyard c’est le nom de l’album, qui est « Nonante-cinq », car en Savoie, on compte aussi traditionnellement selon un système de numération avec la base 10 (le système décimal).

Angèle entame une tournée à l’occasion de la sortie de son album “Nonante-cinq” (Photo: Instagram).

En langue française, il existe en réalité deux systèmes de numération: le système décimal (utilisant la base de 10) et le système vigésimal (utilisant la base de 20). Le système décimal donne des formes comme soixante, septante, huitante, nonante, là où le système vigésimal donne des tournures comme quatre-vingt, quatre-vingt-dix, etc…

Parfois, je lâche un « septante » ou un « nonante », ce qui engendre très souvent la question : « Êtes-vous Belge, ou êtes-vous Suisse? ». A laquelle je réponds naturellement : « Non, je suis Savoyard ».

Les Romains comptaient sur une base de dix et – comme dans quasiment toutes les langues latines – nous aussi, on compte selon le système décimal en arpitan ou en francoprovençal: sèptanta, huétanta, nonanta. L’influence de notre langue latine, de notre “patois”, fait que cette façon de compter continue à être utilisée dans le français de Savoie, en français de Suisse et en français du Val d’Aoste. Ce système peut également être retrouvé dans le français de Belgique (à travers la langue wallonne), comme on peut le voir sur la carte ci-dessous d’un Atlas linguistique.

l’Atlas linguistique réalisé au début du 20e siècle par Gilliéron et Edmont.

Originaire et habitant de Maurienne (Savoie), je peux même affirmer que ces formes ont été utilisées officiellement dans nos registres paroissiaux, dans notre administration et que bien d’écoliers savoyards ont appris à compter de cette manière jusque dans les années 1960. Le système vigésimal (à base vingt) est une forme plus récente qui a progressivement été imposée par l’expansion du français standard (soutenu par l’Académie française au sommet et par l’école à la base).

Source : Facebook.

Personnellement, j’ai toujours préféré compter en base dix, au grand désespoir des collègues non-savoyards qui considèrent ceci – à tort – comme un anticonformisme. Ce n’est pas seulement plus facile et pratique, mais nous conservons également notre héritage latin et notre proximité avec les Suisses et les Valdôtains. Comme nos amis romands, les Savoyards devraient alors faire de même. Là-bas, on constate que les Français s’adaptent facilement.

Dans le cadre de sa tournée intitulée « Nonante-cinq tour », la chanteuse Angèle sera sur les routes du 20 avril au 2 décembre 2022. Espérons qu’en plus de sa tournée musicale, elle puisse aussi inspirer une nouvelle génération de Savoyards dans l’application du système décimal!

🖊  Arnaud FRASSE

Des financements pour la langue

Qu’est-ce que le CPER ?

La région Auvergne-Rhône-Alpes prépare actuellement un projet de Contrat de Plan État-Région (CPER). Un certain nombre d’orientations, avec des actions chiffrées, sont listées, le projet est soumis au conseil régional puis, une fois accepté, à l’état, qui contribue au financement des actions concernées.

Un projet a été préparé et il est actuellement soumis à consultation. Tous (particuliers, entreprises, associations) ont pu donner leur avis.

Nous constations, au niveau de la culture et du patrimoine, que rien n’était encore prévu en ce qui concerne les langues régionales. Et pourtant d’autres régions font entrer ce point dans leur projet et reçoivent des sommes importantes destinées au soutien des actions en faveur de leur(s) langue(s).

Ce plan vaudra jusqu’en 2027, ainsi en ne faisant rien nos associations pouvaient risquer d’avoir un financement très insuffisant (voire nul) pendant de longues années. Cela est d’autant plus regrettable que depuis la parution d’une toute récente circulaire de l’éducation nationale, le francoprovençal peut être officiellement enseigné, avec participation possible des collectivités locales pour faciliter et promouvoir cet enseignement. Sans parler de toutes les actions culturelles possibles.

Il nous paraissait donc très important que toutes les personnes concernées, au niveau individuel ou associatif, réagissent à cette consultation.

Le projet est toujours consultable grâce au lien suivant (voir surtout la page 19 et la fiche annexe 22) : https://www.prefectures-regions.gouv.fr/auvergne-rhone-alpes/Region-et-institutions/L-action-de-l-Etat/Amenagement-du-territoire-logement-transport-numerique/Amenagement-du-territoire/Avis-de-consultation-du-public-sur-le-projet-de-Contrat-de-Plan-Etat-Region-Auvergne-Rhone-Alpes-2021-2027-CPER

Comment l’ILS a participé ?

En ce sens l’ILS s’est démené entre les fêtes de fin décembre pour faire connaître cette consultation.

  • Un mail a été envoyé à toutes les personnes individuelles pour lesquelles nous avons leurs adresses mails – Environ 100.
  • L’AES en la personne de Marc Bron a été contactée par mail et téléphone en ce sens.
  • Lou Rbiolon en la personne de Régis Vachoux ont été contactés par mail et téléphone afin de communiquer à l’ensemble des associations patoisantes.
  • Les sociétés savantes et musées ont été contactés par mail et au téléphone et nous avons reçu de bons échos à l’exception de la présidente de l’Académie de la Val d’Isère.
  • Et bien sûr les membres du CA de l’ILS qui ont participé pour certains

En tout, directement ou indirectement c’est près de 250 personnes qui ont été contactées. Cette opportunité à également été bénéfique pour l’ILS pour se faire connaître, pour renouer des liens et potentiellement pour collaborer prochainement.

Nous tenons à remercier chaleureusement toutes les personnes qui ont participé à la consultation.

La prochaine étape pour l’ILS va être de rentrer en contact avec la Région afin de nous faire connaître, de les accompagner dans leurs réflexions et d’inviter les autres organisations à faire de même.

Affaire à suivre donc …


T’o qu’o est lo CPER ?


La règion Ôvèrgne-Rôno-Ârpes aprèste ora un projèt de Contrat de Plan Ètat-Règion (CPER). Un nombro d’oriantacions, avouéc des accions chifrâyes, sont listâyes, lo projèt est somês u consèly règional pués, un côp accèptâ, a l’ètat, que contribue u financement des accions regardâyes.

Un projèt at étâ prèparâ et il est ora somês a consulta. Tués (particuliérs, entreprêses, associacions) ant pu balyér lor avis.

Nos ens constatâ, u nivél de la cultura et du patrimouèno, que ren ére adés prèvu rapôrt ux lengoues règionales. Et portant d’ôtres règions font entrar ceti pouent dens lor projèt et recêvont des somes importantes dèstinâyes u solas des accions por lo ben de lor(s) lengoua(s).

Ceti plan vâldrat tant qu’en 2027, d’ense en fasent ren noutres associacions povant riscar d’avêr un financement franc ensufisent (vêr nul) pendent de longes anâs. Cen ‘l est d’atant més mâlherox que dês la parucion d’una tota frèche circulèra de l’èducacion nacionâla, lo francoprovençâl pôt étre oficièlament ensègnê, avouéc na possibla participacion des colèctivitâts locales por facilitar et encoragiér ceti ensègnement. Sen parlar de totes les accions culturèles possibles.

Il nos parèssêt donc franc important que totes les pèrsones regardâyes, u nivél endividuèl ou associatif, rèagéssont a ceta consulta.

Lo projèt est tojorn consultâblo avouéc lo lim cé-d’avâl (vêre surtot la pâge 19 et la feche anèxe 22) : https://www.prefectures-regions.gouv.fr/auvergne-rhone-alpes/Region-et-enstitucions/L-accion-de-l-Ètat/Amenagement-du-tèrritouèro-logement-transpôrt-numerique/Amenagement-du-tèrritouèro/Avis-de-consulta-du-public-sur-lo-projèt-de-Contrat-de-Plan-Ètat-Region-Ôvèrgne-Rhone-Alpes-2021-2027-CPER

Coment l’ILS at participâ ?


En ceti sens l’ILS s’est dèmenâ entre les fétes de fin dècembro por fâre cognetre ceta consulta.

  • Un mandèl a étâ envoyê a totes les pèrsones endividuèles por que nos ussens lors adrèces de malyâjo – Enveron 100.
  • L’AES en la pèrsona de Marc Bron at étâ contactâye per mandèl et couèrlèt en ceti sens.
  • Lou Rbiolon en la pèrsona de Régis Vachoux ant étâ contactâs per mandèl et couèrlèt por comunicar a l’ensemblo des associacions patouesanes.
  • Les sociètâts saventes et los musês ant étâ contactâs per mandèl et u couèrlèt et nos ens reçu de bons recllams a l’èxèpcion de la prèsidenta de l’Academie de la Vâl d’Isera.
  • Et de sûr celor de los membros du CA de l’ILS qu’ant participâ.

En tot, dirèctament ou endirèctament o’est quasi de 250 pèrsones qu’ant étâ contactâyes. Ceta oportunitât a asse-ben étâ bènèfica por l’ILS por sè fâre cognetre, por renuar des lims et potencièlament por colaborar dens los temps vegnont.

Nos volens remarciér chaleureusement totes les pèrsones qu’ant participâ a la consulta.

L’ètapa que vint por l’ILS vat étre de se betar en contacto avouéc la Règion por nos fâre cognetre, por los acompagnér dens lors rèflèccions et envitar les ôtres organisacions a fâre mémament.

Afâre a siuvre donc …

* Ce texte a été traduit par le traducteur Apertium puis relu par un oeil humain

🖊 Alain FAVRE

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