- le francoprovençal de Savoie -

Auteur/autrice : Têlarèdaccion Page 4 of 5

Vous connaissez ? Tôs mos mèlyors vôs !

Crédit illustration : Melanie Laumet, Graphiste

Tous mes meilleurs voeux !
Tôs mos mèlyors vôs ! (Apertium)
Tô mos mèlyeû vôs ! (Viret)

Bonne année, bonne santé et la diarrhée toute l’année !
Bôn an, bôna santât, et la rafa tota l’anâ ! (Apertium)
Bon’ an, bona santâ è la rafa to l’an ! (Viret)

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Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, yon ! Bonne année 2022 !
Diéx, nôf, huét, sèpt, siéx, cinq, quatro, três, doux, yon ! Bôn an doux-mile vengt-doux ! (Apertium adapté)
Diz, nou, hwêt, sat, chéz, sin, katro, trêy, dou, ūnh ! Bon’an dou mile vannt-dou ! (Viret)

Note : en comptant, normalement on dit yon (Apertium, Viret) et pas un. En arpitan on distingue l’article du numéral (comme par exemple en anglais a(n)/one).

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Les bonnes résolutions :
Les bônes rèsolucions (Apertium)
Lé bone rézoluchon (Viret)

Faire du sport deux fois par semaine et boire plus d’eau.
Fâre du sport doux côps per senana et bêre més d’égoua. (Apertium)
Fére d’spo’ dou kou pè smanna é baire mé d’éga. (Viret)

Devenir volontaire dans une association / adhérer en tant que bénévole.
S’fêre volontéro/bènèvolo din na assossyachon. / Rintrâ dyê na assossyachon kmè bènèvolo. (Viret)
Sè fâre volontèro dens na associacion. / Entrar dens na associacion coment volontèro. (Apertium)

Arrêter de fumer ou de grignoter.
Arrètarde de fumar ou de gregnotar. (Apertium)
Arétâ d’fmâ o d’ruflyâ. (Viret)

Se coucher moins tard
Alar dromir muens târd. (Apertium)
Alâ dromi mwin târ. (Viret)

Pratiquer l’arpitan
Praticar l’arpetan (Apertium)
Pratikâ l’arpitan (Viret)

Lire davantage
Liére més. (Apertium)
Lire mé. (Viret)

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Prendre des nouvelles des amis
Demandar après los amis . (Apertium)
Demandâ apré louz ami. (Viret)

Salut ! Et bonne année ! Que fais-tu pour le nouvel an ?
Adiô ! Et bôn an ! Què fâs-tu por lo novél an ? (Apertium adapté)
Adiô ! Et bôn an ! T-o que te fâs por lo novél an ? (Apertium très adapté)
Adiu ! E bon’ an ! Tou k’tè fâ pè l’novèl an ? (Viret)

Tu passes une bonne soirée ?
Te pâsses na bôna vèprâ ?(Apertium)
Te pâsses na bôna vèlyê ? (Apertium adapté)
Tè passe na bôna vèlya ?

Viens voir le feu d’artifice ! Ils ont prévu de le faire sur le lac, cette année.
Vins vêre lo fuè d’artificio ! Ils ant prèvu d’y fâre sur lo lèc, ceti an. (Apertium)
Vin vi lo fwà d’artificho ! Y ant prévu d’y fâre su lo lé, st’ an. (Viret)

Oui mais avec le virus il n’y aura aucun feu d’artifice.
Ouè mas avouéc lo virus y arat gins de fuè d’artificio. (Apertium)
Hwà ma avoué lo viru y ara zhin de fwà d’artificho. (Viret)

🖊 Lucas FREDERICH

Le savoyard est enfin reconnu par le ministère de l’Education Nationale!

Communiqué de l’Institut de la Langue Savoyarde:

Depuis le 16 décembre 2021, le savoyard est inscrit – sous son nom exonyme de francoprovençal – dans le Bulletin officiel de l’Éducation nationale.¹ Concrètement, cela veut dire que des cours d’arpitan savoyard pourront être enseignés dans les établissements primaire et secondaire sur le territoire français.

Jusqu’aux années 1940 du 20e siècle, le savoyard était très répandu comme langue maternelle dans les Pays de Savoie (Savoie-Mont Blanc). Le français était minoritaire au sein des foyers jusqu’au début du 20e siècle pour finalement devenir largement majoritaire quelques décennies plus tard.

Le savoyard est donc dorénavant l’une des langues régionales qui est officiellement enseignable dans tous les établissements scolaires.

« Cet enseignement peut être dispensé tout au long de la scolarité », peut-on lire dans l’article de loi de 2008 sur les langues régionales. Ce même article indique que l’enseignement facultatif de langue et culture régionale peut prendre deux formes: un enseignement de la langue et de la culture régionale, ou un enseignement bilingue en langue française et en langue régionale.



Une bataille de 70 ans
Tout commence en 1951: la loi Deixonne a permis d’introduire dans le cursus scolaire l’apprentissage de certaines langues régionales (l’occitan, le basque, le breton, le catalan, etc), mais elle ignore le francoprovençal. Il n’est donc pas enseigné.

Le 5 septembre 2001 : la première circulaire relative à l’enseignement des langues régionales est publiée. Basque, breton, catalan, corse… la liste des langues régionales est longue, mais le savoyard n’y figure pas.

Cette absence sera l’une des raisons principales de la création de l’Institut de la Langue Savoyarde en 2005. Pendant des années – en collaboration avec les principales associations défendant la langue comme Lou Rbiolon, l’Association des Enseignants de Savoyard (AES) et la Fédération d’associations de parents d’élèves Savouè Ecoula – ses représentants ont discuté avec les différentes autorités compétentes, dont l’Education nationale.

Finalement, ce sera une commission instaurée par le Premier-Ministre Jean Castex et le Ministère de l’Education nationale qui tranchera 18 ans plus tard et ajoutera en particulier le francoprovençal à la liste des langues régionales inscrites dans une circulaire publiée le 16 décembre 2021.

Après avoir soutenu des pétitions, écrit des lettres et participé à divers manifestations, l’Institut de la Langue Savoyarde s’est longuement battu pour arriver à cette reconnaissance.

« Le gouvernement et le ministère de l’Education Nationale ont compris et fini par accepter l’inscription de l’arpitan, ou bien le francoprovençal, dans la circulaire réécrite. », se réjouit Arnaud Frasse pour l’ILS. « C’est une forme de soulagement. On n’a pas faibli pendant 16 ans. Ça a été un bel exemple de travail associatif, pédagogique et politique. Une belle démarche humaine. On ne compte plus le nombre de démarches qui ont été effectuées. Tant que la langue n’était pas inscrite, c’était compliqué. Nous tenons à remercier tous ceux qui se sont impliqués dans les différentes actions ces dernières années pour réaliser cet objectif: les locuteurs de la langue, les élèves, les parents d’école, les élus et tous ceux qui soutiennent notre cause pour apprendre le savoyard à l’école. Nous tenons tout particulièrement à féliciter l’enseignant Marc Bron pour ce résultat; il a beaucoup travaillé en tant que président de l’AES et co-fondateur de l’ILS pour y parvenir. »

« Après toutes ces années, je n’arrive toujours pas à réaliser que notre langue a enfin été reconnue par le ministère de l’Éducation nationale. » dit Marc Bron avec une grande joie.

Pour que vive nos langues

Prochaines étapes?

« Recruter des professeurs, mais ce n’est pas tout. Il faut aussi mettre sur pied un conseil académique des langues régionales qui prend en compte notre langue dans le cadre officiel du francoprovençal², rédiger une convention État-Région et créer un Office public des langues d’Ouè. » explique Arnaud Frasse.


Notes:
¹. Le linguiste italien Graziadio Isaia Ascoli (pas originaire de la zone linguistique) donne le nom exonyme « franco-provençal » à la langue en 1873. Les (propositions d’) endonymes que l’on rencontre en France sont « arpitan », « langue d’Ouè », « savoyârd » ou « patouès ».

². Jusqu’à présent, les élèves qui voulaient passer l’option langue régionale du baccalauréat en francoprovençal, devaient s’inscrire à l’option occitan.

Savez-vous : Le savoyard possède sa propre Wikipédia… ?

Quelle est la capitale du Tchad, quand est-ce que Jacques Balmat a-t-il réussit la première ascension du mont Blanc et quel est le plus gros succès de Johnny Hallyday ? Celui qui cherche des informations sur Internet tombera rapidement sur Wikipédia.
L’encyclopédie en ligne fait partie des cinq sites web les plus populaires au monde. De plus en plus de pages se trouvent également en langue savoyarde, en partie grâce à plusieurs membres de l’Institut de la Langue Savoyarde (ILS).


La Vouiquipèdia, l’édition de Wikipédia en langue arpitane ou francoprovençale, a été lancée le 24 mars 2006. On y retrouve des articles dans les dialectes de l’arpitan parlés dans la région frontalière entre la France, la Suisse et l’Italie, dont principalement le savoyard, le valaisan et le valdotain. 

Il y a un petit nombre d’utilisateurs actifs. Un certain nombre d’articles n’existent sur aucune autre édition de Wikipédia; ceux-ci traitent généralement de sujets liés à notre langue ou à la région où le variant est parlé (comme les coutumes régionales et les écrivains). Tout bénévole et passionné de notre langue peut contribuer à ce projet en créant son propre article (sur un sujet de votre choix) ou en améliorant un article existant.

Vouiquipèdia

Pendant les mois froids d’hiver et la pandémie de corona, nous invitons tout le monde à partager vos connaissances avec la communauté. Tout comme dans le monde réel, différentes graphies sont tolérées pour transcrire l’article dans votre patois; comme par exemple dans la graphie de Conflans, l’orthographe de référence ou la graphie BREL. Le patois et la graphie utilisée est indiqué en haut de l’article, afin que les gens sachent quel texte et quel dialecte ils lisent.

Vous n’avez pas besoin d’avoir de grandes connaissances en informatique et les différents bénévoles et modérateurs se feront un plaisir de vous aider à créer un article. Nous sommes curieux de lire vos articles sur votre commune, votre passion, votre animal préféré ou sur la personne que vous admirez le plus.

Au 24 décembre 2021, il y avait 14 000 articles. Il est important de continuer à créer des textes dans notre langue préférée. A votre clavier!

🖊 Arnaud FRASSE

Vous connaissez ? Bônes Chalendes tot-pariér

Dèlfina avouéc son cusin Armand

A. : Adiô la Fina, se tot ‘l est prèsto por ceta nuet ?

D. : Oh nan l’Armand, je su mâre-solèta, j’é mémament pas prod de pâta por fâre les risôles, pués nion ‘l est alâ fâre les comissions.

A. : Agouéte vér, j’é aduit na brâva tronche, on vat la chavar, y betar de nouéx et de châtagnes, et pas oublar d’y vèrsar de la gnôla de proma devant que de la posar dens la chemenâ.

D. : Y vèrsar de la gnôla ? Mas la botelye ‘l est quâsi voueda, et te sâs atant que mè qui l’at bu.

A. : Bon, farat prod la Fina. Se je su ren vegnu que por fâre les comissions et mè fâre criticar, adonc je m’en modo. A un ôtro côp. Bônes Chalendes tot-pariér

D. : A ceta nuet l’Armand. On sât prod que te vâs revegnir !


Boune Shalinde to-pari (prononciation en « savoyard médian »)

Dèlfina awé son kuzin Arman

A. : Adieû la Fina, se to l’è prèsto pe sta né ?

D. : Oh nan l’Arman, zhe sé mâre-solèta, zh’é mimamin pâ preû de pâta pe fâre lé rzule, pwé nion l’è alâ fâre lé comichon.

A. : Awéte vi, zh’é adui na brâva tronshe, on va la shavâ, i betâ de nwé et de shâtagne, è pas oublâ d’i vèrsâ de la nyôla de pronma devan ke de la pozâ din la shmenâ.

D. : I vèrsâ de la nyôla ? Ma la botolye l’è kazu weda, è te sâ atan ke mè kwi l’a bu.

A. : Bon, fara preû la Fina. Se zhe sé rin vnyu ke pe fâre lé comichon è mè fâre kritikâ, adon zhe m’in modo. A on-n’ âtro kou. Boune Shalinde to-pari.

D. : A sta né l’Arman. On sâ preû ke te vâ revnyi !


Joyeux Noël quand même

Delphine et son cousin Armand

A : Salut Delphine, est-ce que tout est prêt pour ce soir ?

D : Oh non Armand, je suis toute seule, je n’ai même pas assez de pâte pour faire les rissoles, et personne n’est allé faire les courses.

A : Regarde, j’ai apporté une jolie bûche, on va la creuser, y mettre des noix et des châtaignes, et ne pas oublier d’y verser de l’eau-de-vie de prune avant de la mettre dans la cheminée.

D : Y verser de l’eau-de-vie ? Mais la bouteille est presque vide, et tu sais autant que moi qui l’a bue.

A : Bon, ça suffit Delphine. Si je ne suis venu rien que pour faire les courses et me faire critiquer, alors je m’en vais. À une autre fois. Joyeux Noël quand même.

D. À ce soir Armand. On sait bien que tu vas revenir !

Notes :

Chalendes (Noël) est féminin pluriel. Cf occitan Calendas.

Traditionnellement, au moins dans la conversation, devant tous les prénoms féminins ainsi que devant les prénoms masculins commençant par une voyelle, on emploie l’article défini (la, l’). Par ailleurs les diminutifs sont très courants.

🖊 Alain FAVRE

Jean-Marc Jacquier

Hommage à Jean-Marc Jacquier

Proposé par Éric Verney, membre du Conseil Administratif de l’ILS.
Crédit photo Guillaume Veillet.

C’est avec une bonne bouteille de blanc, comme Jean-Marc aimait à en partager, que j’aimerais rendre hommage à ce grand homme, qui nous a tous profondément inspirés et tirés vers le haut.

Jean-Marc est né le 10 mai 1949, la même année que mon père, élément loin d’être anodin car c’est bien comme un père culturel, sprirituel, symbolique que je le voyais. Il nous a quittés le 25 mars de cette année, une éternité déjà. C’est au 14e congrès de la Ligue Savoisienne à Duingt, en octobre 2009, que j’ai réellement rencontré Jean-Marc. Nous avions mangé l’un en face de l’autre au banquet, et j’avais été très impressionné par ses gros yeux roulants derrière ses lunettes, qui donnaient l’impression qu’on ne pouvait rien leur cacher. Jean-Marc ne disait pas un mot de trop, mais on pouvait se voir en miroir dans ces yeux et son regard, qui ne manquaient jamais de bienveillance. Evidemment j’étais doublement impressionné ce jour là, car je connaissais la Kinkerne, dont j’avais appris les chansons en savoyard, récupérées je ne sais où et vénérées comme des trésors d’alchimiste.

Nous nous sommes ensuite revus chez lui, à Ville-la-Grand, où je suis allé le visiter en compagnie de mon ami Alban Lavy. C’est là que j’ai découvert sa collection d’instruments alpins, et son incroyable capacité à tous pouvoir les jouer. Il finira par faire don de sa collection au conseil départemental.

Nous nous sommes régulièrement revus, notamment dans les festivals, fêtes de l’arpitan, boeufs, à Boëge, Yverdon, Saint-Nicolas. D’ailleurs souvent en compagnie de la famille Bertolo-Boniface.

En 2011 j’avais besoin de ses conseils pour valider le plan de mon livre “Patois arpitan et chansons de nos grand-pères Savoyards”. Il a donc fallu que je monte le trouver aux Brasses où il jouait avec la Kinkerne pour le Feufliazhe, avant de partir sans rentrer chez lui pour une virée estivale alpine. Y étant monté pour la soirée, j’y suis resté 3 jours, sans tente j’ai dormi sous la pluie, et je dois indirectement à Jean-Marc d’avoir démarré ma carrière de danseur folk. La danse m’a permis de multiplier encore les rencontres avec Jean-Marc, ce que l’indépendantisme avait initié et l’arpitan consolidé. Au décès de Rémi Gay il était évidemment encore là avec toute la bande des Chablaisiens, et nous avons encore passé une soirée inoubliable.

Mais peut-on oublier une soirée passée avec Jean-Marc, même après plusieurs bouteilles de blanc ? Difficile pour moi d’écrire ces mots sans que les larmes me viennent. Jean-Marc remplissait vraiment le rôle d’un père pour moi. Bienveillant, inspirant, encourageant. Le 2 avril j’ai rêvé de Jean-Marc Jacquier, il me montrait comment prédire les victoires à venir en étudiant l’issue des conflits passés. Je lui disais toute ma joie de le retrouver en rêve et de savoir que je pouvais le revoir affranchi des limites physiques. Ce type était un Maître.

Grant-maci pèr tot Jean-Marc, santât!, et a bensetout p’t’étre ben.

🖊 Éric VERNEY

Les mots d'autrefois à Macot

Lina Coudray: Une amoureuse de la langue savoyarde nous a quittés…

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de Lina Courday (née Vivet-Gros) cet été, dans la nuit du vendredi 13 août 2021.

Née en 1918 à Macot, Lina Coudray, professeur de français (partie en retraite en 1978), était restée intimement liée à l’histoire de son village et la vie en Tarentaise.
Depuis de nombreuses années, elle avait tenu à concrétiser un projet qui lui tenait à cœur: la rédaction d’un ouvrage consacré au patois jadis parlé dans son village. C’est en juin 2020, à l’âge de 101 ans, qu’elle publiait son dictionnaire “Les mots d’autrefois à Macot”. Avec cet ouvrage, nous avons aujourd’hui la chance de disposer d’un témoignage exceptionnel.

Nous souhaitons à la famille et aux amis beaucoup de force pour faire face à cette grande perte.

L’institut souhaitait rendre hommage à Lina Coudray, contributrice et amoureuse de sa langue savoyarde.

Si son travail vous intéresse, vous pouvez commander son dictionnaire ici: https://www.latarentaisehebdo.fr/products/les-mots-dautrefois

🖊 Arnaud FRASSE

L’ILS se structure et se donne des objectifs

Le bureau s’est renouvelé depuis quelques temps, il s’est rajeuni et porte de nouvelles ambitions.

De nouveaux objectifs

Le CA de l’ILS s’est réuni et a procédé à la définition des objectifs de résultats suivants :

  • Croître le nombre de locuteurs
  • Faire rentrer la langue dans l’espace public
  • Création de méthodes en ayant une langue neutre et une graphie mais en gardant les particularités

Le bureau

Le bureau se compose alors comme suit :

Président : Arnaud Frasse
Vice-Présidents : Marc Bron et [vacant]
Secrétaire : Franck Monod
Secrétaire-adjoint : Pierre Barrioz
Trésorier : Roger Viret
Vice-trésorier : [vacant]

Des opérations organisées

Afin de supporter les missions de l’ILS il a été défini des groupes de travail. Ces groupes de travail sont maintenant chargé de rassembler les bénévoles voulants travailler sur les sujets suivants :

  • Responsable du groupe de travail de la relation des associations savoyardes (sociétés savantes, terres d’empreintes, éco musée de Viuz, etc)
  • Responsable du groupe de travail de la relation des associations externes
  • Responsable du comité scientifique
  • Responsable du groupe de travail communication et marketing
  • Responsable du groupe de travail pédagogique

Pour rejoindre ces groupes de travail et nous soutenir, contactez nous à contact@langue-savoyarde.com

Franck Monod, secrétaire de l’ILS

Les écoliers s’amusent en langue savoyarde

Chaque année, dans le cadre du Concours Constantin & Désormaux, quelques centaines d’élèves suivent une sensibilisation à la langue savoyarde. L’édition de 2021 a eu lieu le 7 juin.

Normalement, le concours réuni entre 100 et 500 élèves de primaire et secondaire venus des deux départements savoyards dans un endroit central pour présenter leurs chansons ou pièces de théâtre, mais après une année scolaire chamboulée par le Covid-19 (et les annonces du gouvernement concernant le protocole sanitaire dans les écoles), l’enseignement du savoyard avait eu du mal à se mettre en place.

Néanmoins, nous sommes heureux de voir que quatre écoles ne se sont pas laisser décourager par le Coronavirus pour l’édition de 2021. Pour le thème du concours, les classes étaient invitées à observer les avantages et désavantage du progrès. Le jury était composé de: Arnaud Frasse (Président Institut de la Langue Savoyarde), Odile Laliard (Ancienne Présidente des Rbiolon), Christian Favrat (Lou Reclan deu Shablè) et Aude Meritza-Bozon (Présidente « Savouè Ecula 2 »; association de parents d’élèves pour l’enseignement bilingue). Le jury a rendu visite à chaque établissement scolaire et était très ravi de voir les élèves parler notre belle langue avec tant d’enthousiasme et de joie!

Pour les écoles maternelles/primaires, nous félicitons la classe de Madame Isabelle Contat (Ecole de La Chapelle Rambaud) qui a remporté le concours! Pour les collèges, ce fut la classe de Monsieur Marc Bron et le collège Jean-Marie Molliet à Boëge qui a remporté ce prestigieux concours. Nous souhaitons faire mention de l’école d’Excenevex, où le jury fut impressionné par la chanson de la classe de Madame Magali Gobber, à laquelle il décide d’attribuer le « Prix de meilleure chanson ».

C’était un grand plaisir de voir les élèves chanter ou parler en savoyard. Nous espérons tous nous retrouver pour l’édition prochaine sous une organisation traditionnelle dans un endroit central. Quant aux enfants, ne vous laisser par décourager par le Coronavirus et continuez à vous parler en savoyard entre vous, c’est important et amusant en même temps! Merci pour la belle journée et « A l’an que vint »!

Arnaud Frasse, président de l’ILS

Manifestation en réaction à la censure de la loi Molac

La nouvelle loi, également appelée loi Molac, qui devait notamment protéger les langues régionales, les promouvoir et renforcer leur place dans l’éducation nationale, a été en partie censurée par le Conseil constitutionnel vendredi dernier, le 22 mai 2021. Ceci à la grande colère de tous ceux qui ont à cœur les langues régionales de France…

Une délégation de plusieurs groupes savoyards à l’entrée de la préfecture d’Annecy, pour le compte du collectif « Pour que vivent nos langues ».

Et pourtant, tout avait si bien commencé !
Le 8 avril 2021 devait toutefois être une journée « historique » pour tous les défenseurs des langues régionales, avec l’adoption par l’Assemblée nationale de la loi Molac (du nom du député breton du groupe Libertés et territoires) relative à leur protection patrimoniale et à leur promotion. Elle a été votée à une très grande majorité par 247 voix contre 76, mais a divisé la majorité présidentielle, dont une partie l’a contestée devant le Conseil constitutionnel.

Le vendredi 22 mai, le Conseil constitutionnel a ensuite censuré deux articles de la loi, considérés comme non-constitutionnels, l’un portant sur l’apprentissage de la langue en immersion, l’autre sur l’usage des signes diacritiques dans les documents officiels.

Pourquoi les signes diacritiques poseraient-ils problème ?
Dans la langue française, plusieurs signes diacritiques sont utilisés, dont les cinq signes courants que sont l’accent aigu, l’accent grave, l’accent circonflexe, le tréma et la cédille. Dans les différentes langues régionales de France, d’autres lettres diacritiques sont également utilisées, que l’on ne retrouve pas dans la langue française.

L’article 2 de la Constitution française précise que « La langue de la République est le français ». Cet article, renforcé par une circulaire de 2014, est utilisé à mauvais escient par les opposants aux langues régionales pour interdire l’utilisation d’autres lettres diacritiques (et empêchent, par conséquent, toute expression des formes écrites des langues régionales).

Récemment, nous avons observé des exemples en Bretagne ou au Pays Basque, où les représentants de l’État interdisent les prénoms écrits dans une langue régionale, parce que certaines lettres diacritiques n’apparaissent pas dans la langue française et seraient donc non-constitutionnelles. Aussi ridicule que cela puisse nous paraître, selon la logique des opposants, un enfant portant le prénom breton Fañch, serait une menace pour l’unité de la France en raison du tilde qui figure dans son nom.

Quelle est alors la position de l’Institut ?
L’Institut de la Langue Savoyarde remercie tout d’abord tous les députés qui ont voté cette loi, ainsi que tous les élus des différentes collectivités territoriales qui ont soutenu et encouragé les actions en faveur des langues régionales, en amont du vote de la loi.

Conformément à ses statuts, l’Institut est apolitique et s’abstient de tout commentaire politique. Cependant, il défend la protection et la promotion des langues régionales et c’est sur cette base qu’il s’est rangé derrière le collectif « Pour que vivent nos langues ».

Aujourd’hui, il existe en France encore de nombreux problèmes liés à l’inégalité pour les langues régionales. Bien que la langue savoyarde ne soit pas concernée par le problème des signes diacritiques, l’Institut est solidaire des autres langues régionales de France et estime que l’Etat devrait faire preuve de plus de souplesse dans cette situation.

En revanche, la langue savoyarde (appelé aussi arpitan ou francoprovençal au sens large) reste toujours discriminée par rapport aux autres langues régionales : à la différence du basque, du breton, du catalan ou du corse, le Ministère de l’Éducation nationale ne veut toujours pas reconnaître le savoyard. Ainsi, malgré de nombreuses manifestations, pétitions et lettres écrites aux ministres, les élèves savoyards n’ont pas le droit d’apprendre leur langue à l’école, contrairement à leurs compatriotes français.

Et maintenant ?
En raison de l’inégalité de traitement des langues régionales en France et de la censure partagée de la loi Molac par le Conseil constitutionnel, le collectif « Pour que vivent nos langues » continue à lutter dans quasiment toutes les régions de France pour réclamer un cadre juridique sécurisé pour la préservation et la promotion des langues régionales.

Dans la région savoyarde également, le samedi 29 mai, les représentants des groupes de défense de la langue savoyarde se sont regroupés devant la préfecture à Annecy pour apporter une lettre cosignée par les cinq groupes principaux, à savoir l’Institut de la Langue Savoyarde (ILS), l’Association des Enseignants de Savoyard (AES), Savouè Ecula 2 (Association de parents d’élèves pour l’enseignement bilingue), l’Alliance Culturelle Arpitane (ACA) et Lou Rbiolon (Fédération de groupes de langue savoyarde). Ils ont tous exprimé leur mécontentement à l’égard de la situation linguistique en France.

Mas t-o que l’at por nom ceta bétye?

Vê-que na demanda qu’on pôt sè fâre quand on promène per los champs, los prâts, los jors, diens los vionnèts, pués asse-ben a l’hotâl, yo qu’y at des mouéls de petiôtes bétyes, pas tojorn galèses. O mancâve un lévro por nos prèsentar celos uséls, celes sarvagenes qu’on admire, celes bétyètes que des côps nos fant ressôtar, quand ils s’enfantont diens noutra chemise. Ora o est fêt, mémament ben fêt. En quaranta-huét pages (format A4 payisâjo) Nicolas Gey, homo de grant talent, fât lo tôrn de (quasi!) totes celes crèatures, avoué des mouéls de biôs dèssins. Adonc on sè rend comptio que mémament quand on at l’empression de ben savêr la lengoua, y at des diézênes, nan des centênes de mots pas cognus. T-o qu’il est na borra, un’èrbena, un bèc-a-fega, un tachèt? Pués des côps, on sât mémament pas los noms des femèles, des petiôts de les bétyes de la fèrma ben de la mêson.

Maque veriér les pages de ceti albon fât grant plèsir. On pôt cen fâre avouéc de megnâts, o est franc conselyê. Marquâ d’ « sèriox »: tota la dèrriére partia ‘l est consacrâye a la « lista des noms de les bétyes » en quatro colondes: nom francês, nom scientfico (latin), nom(s) arpitan(s), ôtros noms arpitans d’aprés les règions de noutron grant payis. Justament, fôdrat trovar la prononce de son cârro, mas o est un bon ègzerciço, pas tant dificilo quand on at retrovâ son accent, son môdo de prègiér, d’aprés l’ècritura comena empleyêe per l’ôtor.

« Los noms de les bétyes en arpitan ». Nicolas GEY & l’Alliance Culturèla Arpitana.
Arpitania.eu 24€

🖊 Alen FAVRO (orthographe globalisante)

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